Censure !
Vous avez ci-dessous une œuvre propre à réveiller les démons qui sommeillent en vous. De celles qui vous pousseraient à sombrer dans le stupre et la luxure.
Plus sobrement, je l'avais intitulée INTROSPECTION. J'aime en effet cette pose improbable qui semble, d'une part tendre le corps pour l'offrir à on ne sait qui tout en suggérant un détachement complet du regard de l'autre et un repli sur soi bien loin de toute considération sexuelle.
C'est dans cet état d'esprit que j'ai posté cette aquarelle sur Instagram, il y a 3 ans environ. Depuis elle a accumulé des 10zaines de "j’aime". Puis avant-hier, brusquement, je reçois une notification de la dite plateforme, un truc du genre "Votre publication viole les règles de la communauté, représentation du nu et de la sexualité, elle a été supprimée"
Notons d’abord que ce qu'IG appelle les règles de la communauté, ne sont jamais que celles qu'il impose à tous le monde depuis les Etats-Unis, sans la moindre considération pour les cultures où le corps ne pose pas de problème. Il aurait par exemple suffit que je colle un masque virtuel sur les tétons et le pubis de mon dessin pour que tout passe. Mais je ne l'ai pas fait puisque cette règle de la communauté ne vaut en principe que pour les photos.
Pourquoi donc trois ans après avoir été postée, cette aquarelle s'attire les foudres de la censure ? Je n'ai pas de réponse. Un algorithme devenu fou (récemment, une entreprise canadienne d'horticulture s'est vu censurée une photo représentant des oignons ! On suppose que la forme ronde, la couleur et le bout qui attache l'oignon à la tige avait évoqué un sein) Ou peut-être qu'un fondamentaliste américain est tombé sur cette image qui a réveillé chez lui des pulsions inavouables. Ne sachant contenir sa passion, il a décidé de dénoncer l'image, de la faire retirer et d'en priver les autres, plutôt que de travailler sur lui-même, en fuyant les comptes qui montrent des corps nus et en essayant de voir autre chose que du sexe dans cette aquarelle en particulier et dans le corps des femmes en général.
La discussion avec Instagram est impossible. J'ai pu contester la décision. Mais on ne peut le faire qu’en cliquant sur un bouton, sans argumentation possible. J'ai reçu rapidement une réponse m'informant que la décision était confirmée. Sans que je puisse là encore, donner le moindre argument.
Ainsi en va-t-il de la liberté, une machine ou un anonyme engoncé dans sa vérité-morale dénonce une image qui, en tour de main, passe du licite à l’illicite. Son opinion, son ressenti, devient vérité. La sensibilité des autres importe peu.
Le fondamentalisme est donc à la foi celui du dénonciateur qui impose sa morale à tout le monde et ne supporte pas que d'autres puissent voir ce qui le dérange lui et ses semblables et celui d'Instagram qui n'entend que cette parole là (qui donc lui convient bien).
La perspective que cela dessine n'est guère rassurante. Au moins sur Canalblog, plateforme française je crois bien, on peut présenter ce nu sans encombre !
Introspection.
48X36
Aquarelle sur papier.
2004
Oeuvre disponible