Ève et Adam. Passation de pouvoir.
Ce fut le dernier dessin de l'année.
L'idée étant d'inverser l'image du pouvoir et de la domination, j'ai attribué à madame plusieurs éléments traditionnellement masculins ;
une pipe, elle est plus grande et se trouve au premier plan.
Monsieur est donc au second plan. Le portrait brouillé n'est évidemment pas innocent et peut être interprèté soit comme une image des échecs et des confusions patriarcaux soit comme une parabole de l'identité masculine brouillée par les remises en cause de ce qu'est être un homme.
Vous pourrez aussi vous interroger sur la nudité frontale. Je tiens que le corps est un objet politique et social. Le fait de le dominer est le préalable au contrôle des âmes et des esprits. C'est pour cela que de nombreuses contraintes sociales et éthiques pèsent sur lui et sur la part la plus intime du corps, le sexe et la sexualité. Sans cela, point de pouvoir sur les gens. Une fois que l'on domine le corps et le temps (le clocher, la pointeuse, l'habit, ce que l'on peut montrer du corps ou pas, quand le montrer et que faire avec, comment le faire, dans quelle circonstance acceptable...) on domine tout de la vie des individus.
Mes personnages qui assument parfaitement d'être nus défient donc le monde en faisant fi des contraintes. Et revendiquent ainsi leur liberté. Surtout madame dont le regard droit dans les yeux du spectateur semble être un défi. Surtout madame car les contraintes esthétiques, sociales et de comportement pèsent surtout sur elle. Ce qui, dans une société patriarcale n'est pas anodin.
Eve et Adam. Passation de pouvoir.
65x50cm.
Crayon, pierre noire, fusain et pastel sec sur papier Canson Héritage.
2021.