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Les Carnets d'Art de Gier
25 mars 2023

Anne

Paradoxalement, il faut que je travaille un samedi matin (Journée portes ouvertes) pour avoir du temps. Peu de temps, 10/ 15 minutes avant de partir. Et pas le temps de relire pour corriger les fautes d'orthographe et autres !

Je croyais avoir déjà présenté Anne. J'ai vérifié. Mais non. C'est un vieux dessin datant de 2016.
Ce grand tableau fait partie dela série "Le corps nu ne dévoile rien". Tout le monde peu poser (sauf les mineurs). Tout le monde, ça veut dire tout le monde. Grand, gros, maigre, petit, homme, femme, de 18 à 120 ans....

Ainsi Anne à posé diminuée d'une épaule. Il va de soi que pour une telle pose, on est passé par la photo !

Outre la pose, il faut aussi écrire. Et c'est bien ça le plus difficile. Vraiment. Ecrire sur soi et son rapport au corps.

Voici donc Anne et en clair le texte qu'elle a écrit et que j'ai collé en fond.

Anne C

Nu à 4 mains n° 9. Anne
77X57 cm.
Technique mixte sur papier.
2016.

Le texte écrit par Anne (Mais j'en retiens ceci : Il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme qui se connait, surtout pour un homme)
Le texte a été écrit à la main et j'en ai aussi demandé une version tapuscrite pour une éventuelle expo (que je n'ai jamais réussi à organiser), j'ai essayé de garder la forme du texte telle qu'Anne me l'a confié :

Mon corps est un objet

 

Je suis une erreur de la nature !

On m’a volé mon identité : je devais être un homme… et voilà qu’à la naissance je me suis retrouvée femelle.

-J’ai détesté-

J’attends ma prochaine vie avec une patience bondissante et en apprenant –par la force- à accepter ma condition. A transformer mes attributs en atouts…. Et je dois dire, que chemin (de la vie) faisant, j’ai appris à me connaitre par cœur, en tant que femme.

Il n’y a rien de plus dangereux qu’une femme qui se connait. Surtout pour un homme.

 

Je suis un concentré d’énergie : 158 cm de muscles et de formes, pas trop mal répartis.

J’ai tout fait pour malmener ce corps. Mais je résistais à toutes les épreuves, telle une guerrière !

A 8 ans, j’ai sauté du plus haut de la balançoire pour me casser le bras. Ca n’a pas marché.

En 23 ans d’équitation, j’ai du tomber violemment une bonne vingtaine de fois-

Combien de fois me suis-je éclatée en patins à roulettes ?! A vélo, à fond dans les descentes ?! Tout shuss sur les pistes noires ?!.... Quelques égratignures, tout au plus.

 

Ma sexualité m’est arrivée dessus très tôt.

C’est mon grand frère et ses copains qui me raccompagnaient de la petite école.

En échange de cette corvée pour mon frère, il exigeait que j’apprenne et chante des chansons paillardes, à ses amis et lui, tout au long du chemin.

A 6 ans, je devais être parfaitement bilingue cul et je pense me souvenir encore aujourd’hui de la plupart d’entre elles. Tant elles m’ont marquée.

 

J’ai grandi tard, lentement et peu. A 16 ans j’avais l’âge osseux d’une fille de 12.

J’ai eu mes premières règles par hasard a 21 ans.

Les plus grands endocrinologues parisiens ont fini par m’annoncer que je ne dépasserais pas le mètre 45 et, surtout, que je n’aurais jamais d’enfants.

A 31 ans j’ai eu ma fille avec l’homme que je quittais,

A 34 ans, j’avais mon fils.

Adolescente, les garçons ne regardaient que mes copines. J’étais toute petite et plate et je manquais cruellement des prérequis pour tout garçon entre 13 et 17 ans –plutôt 13 à 90 ans-

Pour pallier à mon manque, je me suis entourée des plus jolies filles –ce qui me permettait au moins de devenir la confidente de ces jeunes hommes, qui cherchaient à conquérir mes amies-

Mieux encore : dans ma recherche de l’attention des garçons, vers l’âge de 15 ans, je leur proposais la lecture érotique, par groupes de 6 maximum, dans le salon de mes parents.

J’utilisais, pour ce faire, le livre de Xaviera Hollander –Supersex- que j’empruntais à mes parents, le jeudi après-midi (puisqu’à l’époque nous n’avions pas école le jeudi après-midi).

Le succès fut immense.

Je pense que j’ai compris beaucoup de choses sur les hommes à ce moment là.

J’ai aussi compris le pouvoir du mental sur toute chose.

 

Entre 19 et 25 ans, je suis passée par tous les stades : jolie, mince, maigre, anorexique, boulimique, ultra musclée, ronde, grosse, moche… mais surtout totalement perdue.

Je ne suis pas  en mesure de dire combien j’ai eu d’amants. Tout ce que je puis dire, c’est que je n’ai pas toujours compris (à l’époque) pourquoi un Homme voulait de moi. Et que mes conquêtes étaient un mélange de vengeance et d’autopunition.

 

Après la naissance de mes enfants, mon corps a pris sa « forme définitive » -enfin celle d’aujourd’hui !

Dès la naissance de ma fille, je me suis affinée et j’ai commencé à m’aimer.

Tout à coup, cette maternité donnait un sens à mon corps de femme et à ma vie.

Mes seins, mon sexe, mes formes, tout prenant son sens.

 

Je n’ai jamais vraiment eu de pudeur.

Et je pense avoir perdu tout romantisme avant mes 22 ans.

Mon corps, que j’entretiens depuis toujours –même si je le malmène aussi- a atteint son pic d’épanouissement entre 45 et 50 ans.

Et puis, il s’est mis à me rappeler à l’ordre…

Une cheville gauche cassée à 51 ans… puis à présent l’épaule droite…

Qu’importe ! je vais me soigner –et puis je vais m’écouter – un peu…

Enfin, il me faudra plus que ça pour me calmer –je ne tiens déjà plus en place !

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Commentaires
P
Pour une erreur de la nature, elle est plutôt réussie, et ton dessin aussi. Il est rare d'en voir des souriants. <br /> <br /> Et elle n'a pas de pudeur dans ses mots non plus, je ne saurais pas faire, mais je trouve ça fascinant...
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A
J'aime beaucoup cette série que tu évoques<br /> <br /> Le dessin que tu montres est en soi interpellant. Le récit sous forme autobiographique l'est tout autant.<br /> <br /> Cela rejoint cette richesse de beaucoup de tes œuvres qui par leur nature suscitent des réactions.<br /> <br /> Ce n'est jamais insipide…
Répondre
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